Dès l’origine, Villaz a développé sur son territoire des activités de culture et d’élevage.
Aux premiers siècles de notre ère, Villaz fait partie du territoire des Allobroges. Le nom provient du mot latin «villa» qui désigne un grand domaine agricole. Il témoigne de l’occupation fondatrice de l’Empire romain durant quatre siècles, du 1er au 4éme siècle. La voie romaine de Nâves à Argonay traverse le village. Au 19éme siècle, un fragment d’autel dédié au dieu romain du commerce Mercure, a été retrouvé près de l’emplacement actuel de l’église. Il est conservé au Musée-Château d’Annecy. Parmi d’autres objets du quotidien (poteries, céramiques, tuiles…), il atteste de la vitalité économique et humaine de cette époque.
Les barbares burgondes s’installent ensuite sur notre territoire jusqu’au 9éme siècle – période trouble de déclin, peu connue des historiens – à l’exception de quelques sépultures retrouvées dans les hameaux (Disonche, Ronzier, Onnex).
Au Moyen-Age, le village dénommé « Ville » ou en « Ville en Genevois », fait partie du Comté de Genevois, un apanage de la Maison de Savoie, elle-même créée en Maurienne juste avant l’an 1000. Au 12éme siècle, les comtes de Genève et les seigneurs de Menthon se partagent le territoire en édifiant deux maisons-fortes ou « châteaux » : le château de Bonatray au centre du village (aujourd’hui clinique de soins de suite) et le château de Disonche (exploitation agricole). Le nom de Ville apparaît pour la première fois dans les documents officiels : exemple en 1261, le comte Rodolphe de Genève accorde aux sires de Menthon l’exploitation de leurs domaines de Dingy, Aviernoz et de Ville.
Au 16ème siècle, une église de style gothique tardif est construite en remplacement d’un premier édifice victime d’un incendie (actuelle paroisse Saint-Marc du Parmelan). Les vitaux, dont celui de la Vierge, classé aux monuments historiques, sont remarquables. A cette époque le Comté de Genevois rejoint le Duché de Savoie, tandis que la cité de Genève se convertit à la religion réformée et se barricade derrière ses bastions. Les nobles Pacquetet de Moyron construisent un château près de l’église (demeure privée). Le blason de la commune « d’or à la bande d’azur chargée de trois tours d’argent » commémore l’existence des trois châteaux (Bonatray, Disonche et Moyron).
Au 17ème siècle, la religion catholique et les cloches du carillon rythment la vie des cultivateurs. En 1607, François de Sâles, évêque d’Annecy, effectue une visite pastorale : la paroisse compte 100 feux (environ 500 habitants). En 1623, le retour à la vie d’un jeune homme après une chute accidentelle en franchissant le pont de bois du Fier à Onnex, est attribué au Saint Evêque. Une plaque commémorative apposée sur le mur d’une maison rappelle l’événement. Durant ce siècle, l’incursion des armées françaises (Louis XIV) en Savoie, les disettes à répétition et les épidémies de peste rendent la vie de nos anciens concitoyens très difficile… Pour la seule année de 1691, Ville enregistre une soixantaine de décès.
Au 18ème siècle, le cadastre communal (réalisé à partir de la « mappe sarde » car le Duché de Savoie est devenu Royaume de Sardaigne), recense 3037 parcelles réparties en 191 propriétaires, 86 parcelles de vigne à Onnex et aux Vignes, une très grande forêt, 108 maisons, une tuilerie, un moulin et un battoir (forge). En 1749, Centaure de Regard, seigneur de Disonche, crée au-dessus du château une verrerie où 60 ouvriers fabriquent verres et bouteilles. Le sable provient du Salève et le bois de la forêt du Parmelan. Il cesse son activité en 1764, concurrencé par la verrerie de Thorens, proprité de la famille de Sâles. De 1743 à 1748, ce sont les armées espagnoles qui occupent la Savoie. En 1792, dans la foulée de la Révolution française, les troupes à la cocarde tricolore occupent la Savoie. Epoque de terreur dans toute la province et à Villaz. Les biens de l’Eglise et des nobles sont spoliés (le clocher de l’église est abattu, une cloche est sauvée de la fonte, enterrée par les habitants du Félan, le Révérand Chappaz est emprisonné puis déporté à l’Ile de Ré…
Au 19ème siècle, après la signature du Concordat entre Napoléon et le Saint-Siège, le culte catholique est rétabli et clocher du village retrouve sa cloche cachée… En 1815, à l’issue du traité de Vienne qui met fin aux guerres napoléoniennes, le Royaume de Sardaigne récupère la Savoie tandis qu’en 1828, la première école primaire de Villaz voit le jour prés de l’église. En 1858, à la veille du rattachement de la Savoie à la France de Napoléon III (1860), la population atteint le chiffre-record de 878 habitants (444 hommes, 434 femmes, 699 cultivateurs et cultivatrices). Au centre du village et dans les hameaux, des fontaines et bassins sont édifiés par de solides captages et réseaux d’eau provenant des sources du Parmelan. En 1894, les agriculteurs se constituent en « société de participation pour l’exploitation d’une fromagerie » (actuelle Fruitière du Parmelan). C’est l’acte de naissance du Villaz moderne que nous connaissons aujourd’hui. Grâce aux progrès de la science (électricité, chemin de fer, routes, automobile, tracteurs), le visage de la commune va se transformer au cours du 20émé siècle, sa population évoluer profondément et s’enrichir de compétences nouvelles.
Avec le 20ème siècle nous entrons dans l’histoire contemporaine. Quelques dates et faits marquants vont brutalement jalonner les évolutions du village dans un contexte d’accélération de l’histoire et de renouvellement permanent des progrés scientifiques et techniques. Les bons et les mauvais aspects de tous ces événements locaux, nationaux et internationaux, sont cités ci-après pêle-mêle au fil des années. Ils forment la trame de la vie communale jusqu’à aujourd’hui :
- 1914 : déclaration de la première guerre mondiale dans laquelle est précipitée une génération de jeunes villazois (36 décès sur une tranche d’âge décimée et des familles à jamais meurtries).
- 1925 : arrivée de l’électricité en 1925. Quelle nouveauté ! La fée électrique porte bien son nom à Villaz comme partout. Progressivement, bougies, lampes à pétrole, lampes à huile (croézus) sont jetées au rebut.
- 1934 : arrivée de l’eau courante au robinet (captage de Disonche). Un lavoir est construit dans les hameaux éloignés. Fin de la corvée d’eau pour beaucoup !
- 1937 : construction du pont d’Onnex en béton armé, en forme d’arche, pour remplacer le petit pont de bois et ouvrir la voie aux automobiles vers Annecy le Vieux.
- 1939 : 10 ans après la crise économique mondiale de 1929, retour des « vieux démons » franco-germaniques avec le déclanchement de la seconde guerre mondiale, tout aussi dévastatrice.
- 1948 : c’est la révolution en agriculture ! Les agriculteurs s’équipent en tracteurs Pony, Farmall, Fergusson. Bœufs et chevaux, si familiers, vont disparaître du paysage…de même que le char à bancs, moyen de transport collectif, au profit des voitures automobiles et des cars…
- 1953 : pour la première fois, la route du pont d’Onnex au chef-lieu est goudronnée !…
- 1957 : prenant la suite du plan Marshall de reconstruction d’après-guerre, la signature du Traité de Rome de 1957, marque la naissance de l’Europe des 6, puis des 9 et…qui assure une paix durable et ouvre un boulevard de croissance (les trente glorieuses) à notre économie et nos emplois.
- 1957 :début de l’exode rural et apparition de double-actifs dans le village, à la fois agriculteurs et ouvriers chez Dassault, Radar-Alcatel, Gillette, « aux billes » SNR ou aux Pompes Guinard.
- 1977 : arrivée du premier médecin et en 1979 ouverture de la pharmacie.
- 1988 : construction du premier immeuble collectif privé de 24 logements et de 3 locaux commerciaux au « Grand Montoir »
- 1989 : aménagement par la commune d’une première tranche du Parc d’Activités de la Filière (zone des Grands Bois) qui sera suivi de l’aménagement de la zone des Futaies au début des années 2000.
- 2013 à aujourd’hui : Villaz adhère à la communauté de communes du Pays de Filière (siège à Thorens), mais, en 2015, refuse de fusionner avec la commune nouvelle de Filière formée de Thorens, Saint-Martin-Bellevue, Les Ollières, Aviernoz et Evires. En 2017, notre commune adhère au Grand Annecy, une entité humaine de 44 communes du bassin annécien, forte de 180 000 habitants.
Sources :
« Si Villaz m’était conté … » Jean Pellarin, Mairie de Villaz – décembre 2015.
« Vie économique et histoire des entreprises de la Haute-Savoie de 1815 à 2012 » Roger Bonazzi – mars 2013.
Le château de BON ATTRAIT
L’église de Villaz
Le château de Disonche
Le château des PAQUELET DE MOYRON